
LOUISE BOURGEOIS l'araignée, la maîtresse et la mandarine
Marion Cajori et Amei Wallach - documentaire USA 2009 1h38mn -
Du 16/06/10 au 22/06/10 à UTOPIA Toulouse
« Il faut être agressif pour être sculpteur », assène une voix de femme qu’on devine autoritaire dans un anglais au fort accent français. Le film a commencé depuis trois minutes et, déjà, on se sent happé. Comment faire pénétrer le spectateur dans l’oeuvre immense, complexe et protéiforme de Louise Bourgeois, artiste majeure du xxe et du début du xxie siècle ? Comment retracer le parcours de cette sculptrice née en France en 1911, installée à New York depuis 1938 et qui a tordu le bois, le fer, le marbre ou les tissus pour exorciser ses peurs ? Amei Wallach et Marion Cajori ont trouvé : en suivant l’exemple de l’artiste elle-même, qui a opéré la fusion entre son art et sa vie. Elles filment toutes les sculptures (dont la célèbre série d’Araignées) et toutes les installations (Les Cellules, sortes de chambres magiques) comme des pièges, fascinants.
Et l’on tombe sous l’emprise de ce petit bout de femme de presque 100 ans. Quel personnage ! Un monstre intimidant qui explique son travail de manière limpide, brute, fulgurante. De son atelier à sa maison new-yorkaise, elle est le guide intime de son travail, fondé sur l’émotion, la mémoire, la réactivation des souvenirs d’enfance. Les moments forts se succèdent : à la cave, lorsqu’elle revisite, pour nous, ses installations : La Chambre rouge (Enfants) et La Chambre rouge (Parents), qu’elle surnomme, dans un souffle, « le lieu du crime ». A la table de la cuisine, quand elle ne peut contenir ses larmes en se remémorant une humiliation que lui fit subir son père volage, il y a soixante ans…
Longtemps après la fin de ce voyage au cœur de cette œuvre aussi inquiétante qu’apaisante résonne l’entêtante chanson O Superman, de Laurie Anderson, qui colle si bien aux Araignées de Louise. Ce film nous prend dans sa toile.
Guillemette Odicino - Télérama
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